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La situation de précarité s’aggrave en France, comme le soulignent l’IPSOS et le Secours populaire dans leur récent baromètre sur la pauvreté. Malgré les indicateurs alarmants de la baisse du pouvoir d’achat, les autorités continuent d’adopter une approche budgétaire stricte. Plusieurs aides sociales ont déjà été éliminées, et d’autres sont en cours de suppression. Le gouvernement envisage également de réduire les dépenses en modifiant le Revenu de Solidarité Active (RSA), une réforme qu’il prévoit de faire adopter sous peu.
Controverse autour de la réforme du RSA
La proposition de réforme du RSA ne fait pas l’unanimité, y compris parmi les politiciens et les organisations humanitaires. La Fondation Jean Jaurès a récemment publié une étude intitulée « Face à la casse du RSA, nous opposons la mise en place d’un revenu minimum d’existence ». Trois membres du Parti socialiste, y compris le député Arthur Delaporte et Simon Rumel-Sixdenier, conseiller du groupe à l’Assemblée, critiquent les lacunes de cette initiative législative. Le projet prévoit notamment de suspendre les paiements en cas de non-respect d’un contrat imposé aux bénéficiaires, ou encore « 15 à 20 heures d’activité » par semaine, dont les détails sont vagues.
Critiques des socialistes
Les socialistes ont immédiatement critiqué le « discours présidentiel aussi infantilisant que condescendant ». Ils regrettent également la « stigmatisation à l’œuvre de la part du gouvernement et de l’ensemble de la société vis-à-vis des “bénéficiaires” du RSA ».
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En substance, l’étude met en évidence que le projet de loi ne répond pas aux enjeux fondamentaux qui sont à l’origine du manque de main-d’œuvre dans certains secteurs en tension. Les auteurs de l’étude expliquent que les vrais problèmes sont la reconnaissance de la valeur du travail, l’équité professionnelle entre les sexes, la prise en compte des impératifs écologiques, la lutte contre la précarisation du travail, la possibilité de se loger près de son lieu de travail à un coût raisonnable, et la capacité de financer des moyens de transport ou de garde d’enfants nécessaires pour travailler.
Arguments basés sur des études scientifiques
Les socialistes s’appuient sur les travaux d’Esther Duflo et d’Abhijit V. Banerjee qui ont démontré scientifiquement que « pour réinsérer des allocataires de minima sociaux, le contrôle et la sanction sont au mieux inefficaces, au pire contre-productifs, car ils génèrent un mal-être supplémentaire sans lever les obstacles au retour à l’emploi, à l’inverse d’un revenu d’un montant suffisant pour vivre, versé sans conditions, sécurisant pour chacun ».
Ils citent « des expérimentations, notamment en Finlande » qui ont prouvé qu’un revenu inconditionnel, à montant égal, permet le même taux de réinsertion professionnelle qu’un revenu conditionnel, tout en améliorant significativement la santé mentale et physique et l’intégration sociale des bénéficiaires. Ce sont d’autres dépenses publiques qui sont ainsi évitées ».
L’étude conclut que la réforme proposée par le gouvernement est en réalité irréalisable et financièrement discutable. Les auteurs soulignent que « le rapport Guilluy a le mérite de pointer les défaillances du système d’accompagnement actuel : en France, chaque conseiller de l’opérateur principal du service public de l’emploi suit en moyenne 98 inscrits, contre 38 en Allemagne et 40 en Flandre ».
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