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Si la réponse semble simple, elle cache pourtant une mécanique complexe. Pour une personne seule, ce seuil s’établit officiellement à 1 352 € brut par mois. Pour un couple, il grimpe à 2 100 € brut.
Mais au-delà de ces montants, ce sont surtout les implications en matière d’éligibilité aux aides sociales qui suscitent l’intérêt. Plusieurs dispositifs d’accompagnement sont en effet accessibles à partir de ce seuil. C’est notamment le cas du minimum contributif, une prestation importante mais méconnue, qui assure un revenu plancher aux retraités ayant validé un certain nombre de trimestres. En dessous de 120 trimestres, le minimum est fixé à 715,15 €. Au-delà, il peut atteindre 857,15 €.
Quels montants déclenchent réellement les aides pour petites retraites ?
Il est essentiel de comprendre que les 1 352 € englobent l’intégralité de vos pensions, qu’elles proviennent du régime de base, du régime complémentaire Agirc-Arrco ou d’autres sources. Tout est additionné pour déterminer si vous entrez dans la catégorie des petites retraites.
Avec la réforme entrée en vigueur fin 2023, les retraités totalisant au moins 120 trimestres cotisés peuvent prétendre à un bonus de 100 € brut par mois, à condition que leur pension globale reste inférieure à 847,57 € mensuels (plafond 2025). Ce dispositif a été revalorisé de 2 % cette année-là.
Partir à la retraite avant 67 ans avec tous ses trimestres garantit au moins 893,66 € brut mensuels. Pour ceux qui n’atteignent pas les 120 trimestres, le minimum tombe à 747,69 €. Attention, si vos pensions cumulées dépassent 1 394,86 € brut, vous perdez l’accès au minimum contributif.
Les différences entre régimes bousculent les idées reçues
Chaque régime de retraite applique ses propres critères. C’est un véritable puzzle institutionnel. Un salarié du privé, un fonctionnaire, un agriculteur ou un artisan n’aura pas les mêmes droits. Le ressenti d’inégalité est souvent alimenté par ces disparités.
Dans le secteur privé, le MICO est un filet de sécurité. Il permet de toucher 747,69 € minimum, montant qui peut monter à 893,65 € si l’on atteint les 120 trimestres. Exemple : un assuré avec 135 trimestres cotisés sur 170 requis peut percevoir 863,60 €. Aucune démarche n’est requise pour en bénéficier. Contrairement à l’ASPA, aucun recouvrement n’est opéré sur succession.
Chez les fonctionnaires, le minimum garanti est plus avantageux. Pour 40 années de service, le revenu mensuel s’élève à 1 354,16 € brut. Il est progressif : 57,5 % pour 15 ans de service, avec des paliers de revalorisation jusqu’à 39 ans. À 35 ans de service, on atteint 1 291,88 € brut par mois.
Les exploitants agricoles bénéficient depuis peu d’une revalorisation alignée sur le MICO majoré. Le minimum est fixé à 893,65 €, avec une hausse complémentaire portée par la loi de 2020 garantissant 1 200,25 € brut pour une carrière complète, soit 85 % du SMIC net agricole.
Artisans et commerçants, quant à eux, dépendent des mêmes règles que les salariés du privé. Leur plafond de pension pour bénéficier du minimum reste également fixé à 1 394,86 €.
Ces soutiens supplémentaires que beaucoup oublient d’activer
Parmi les aides majeures, l’ASPA reste la plus connue. Son montant est de 1 034,28 € pour une personne seule, 1 605,73 € pour un couple. Délivrée à partir de 65 ans, ou dès 62 ans en cas d’inaptitude, elle est soumise à une clause de récupération sur héritage si le patrimoine dépasse 107 616 €.
Les aides au logement, comme l’APL et l’ALS, permettent de diminuer le loyer. Elles peuvent être cumulées avec l’ASPA, mais pas entre elles. En établissement spécialisé, l’ASH vient couvrir les frais pour les revenus les plus modestes.
L’APA est également à connaître. Accessible dès 60 ans pour les personnes classées GIR 1 à 4, elle peut atteindre jusqu’à 2 045,56 € par mois. Elle est déterminante pour affronter les coûts liés à la perte d’autonomie.
Sur le plan fiscal, les plus de 65 ans bénéficient d’un abattement : 2 746 € si les revenus sont inférieurs à 17 200 €, ou 1 373 € si compris entre 17 200 € et 27 670 €. Les plus de 75 ans peuvent aussi bénéficier d’une exonération de taxe foncière selon leur situation.
Enfin, la Complémentaire Santé Solidaire permet un accès aux soins à moindre coût, voire gratuitement pour les bénéficiaires de l’ASPA. Pour les personnes invalides non éligibles à l’ASPA, l’ASI propose un soutien de 899,56 € mensuels.
Pourquoi vous pourriez toucher plus que vous ne le pensez
La réalité des petites retraites est souvent plus nuancée que les apparences. Si votre pension annuelle reste en dessous de 11 305 €, vous échappez aux contributions CSG-CRDS, ce qui rend votre retraite quasi équivalente en brut et en net. Un détail qui a toute son importance au moment de faire ses calculs.
Cette variété de seuils et de dispositifs forme un écosystème complexe, mais potentiellement favorable pour qui sait naviguer entre les régimes et les conditions. Ne négligez jamais une demande : certaines aides ne sont pas attribuées automatiquement. Il est donc crucial de prendre rendez-vous avec sa caisse avant le départ en retraite.
Car en fin de compte, une petite pension ne condamne pas forcément à la précarité. Le système, bien que morcelé, comporte des protections solides pour celles et ceux qui s’en saisissent à temps.