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Les Français n’ont jamais autant épargné, mais ce ne sont pas les jeunes actifs qui tirent cette progression. Une étude approfondie de l’Insee, réalisée à partir des données issues de la Banque Postale, met en lumière une réalité moins évidente. Les plus de 65 ans, souvent perçus comme prudents, se révèlent être les acteurs majeurs de cette dynamique récente.
Si la crise sanitaire avait déjà provoqué un réflexe d’épargne, l’évolution post-Covid confirme une tendance persistante. L’accumulation de fonds, loin d’être un simple réflexe de précaution, semble désormais s’ancrer dans des choix de gestion à long terme de la part des seniors. Toutefois, la manière dont ces retraités répartissent leur épargne reste bien moins attendue que leurs profils le laissent croire.
La majorité des fonds injectés par les seniors
L’étude souligne une évolution nette entre 2023 et 2024. « Quel que soit le niveau de revenu, c’est parmi les plus âgés que la hausse du taux d’épargne en 2023 et 2024 est la plus forte. Ainsi, dans l’échantillon de données bancaires mobilisées pour cette étude, les personnes âgées de 65 ans ou plus ont contribué pour environ deux tiers de la hausse du taux d’épargne entre 2023 et 2024 », explique l’Insee dans son rapport.
Ces chiffres proviennent d’une analyse menée sur un panel représentatif de 180 000 foyers. Le taux d’épargne atteint ainsi 18,5 % au dernier trimestre 2024, marquant un bond de 1,2 point par rapport à l’année précédente. Cela positionne la France dans le peloton de tête européen, juste derrière l’Allemagne (20,2 %) mais loin devant l’Espagne (13,4 %) et l’Italie (11,2 %).
Pourquoi les retraités ont-ils davantage mis de côté ?
L’accroissement de cette épargne chez les seniors s’explique notamment par la revalorisation régulière des pensions. Ces ajustements successifs ont permis d’augmenter les ressources des retraités, sans pour autant bouleverser leurs habitudes de consommation. Résultat : un excédent budgétaire souvent réorienté vers l’épargne.
Par nature, les retraités demeurent très attachés à la préservation de leur stabilité financière, anticipant une baisse de revenus ou d’imprévus médicaux. Cette vigilance se traduit par une tendance à capitaliser plus fortement en fin de parcours professionnel, voire après le départ à la retraite.
Évolution des placements préférés des épargnants
À la fin de l’année 2024, les économies accumulées par les ménages français s’élevaient à 87,6 milliards d’euros. Mais tous les produits ne séduisent pas de la même façon. Le livret A, autrefois star de l’épargne, souffre de la baisse de son taux à 2,4 %, provoquant une décollecte de 200 millions d’euros en avril 2025.
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À l’inverse, le LDDS, bien qu’ayant un positionnement voisin, résiste mieux à la désaffection. Selon la Fédération bancaire française, il enregistre une collecte positive de 310 millions d’euros, confirmant sa capacité à conserver la confiance des épargnants malgré la conjoncture.
Vers un nouveau visage de l’épargne française ?
Ce basculement structurel dans le profil des épargnants pourrait à terme modifier la stratégie des banques et des institutions financières. Car il ne s’agit plus uniquement d’optimiser l’offre pour une population active en quête de rendements, mais de répondre à une clientèle retraitée, stable mais ambitieuse dans ses choix financiers.
La concentration de l’épargne entre les mains des retraités pourrait également influer sur les politiques économiques, notamment en matière d’incitations fiscales ou d’investissement collectif. Ce glissement progressif soulève la question : la France de demain comptera-t-elle sur ses aînés pour financer sa transition économique ?