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Et si le recrutement se jouait bien avant l’entretien classique ? C’est le pari que tente un département français avec une formule pour le moins atypique. Dans la commune de Doullens, au cœur de la Somme, une initiative a été lancée en partenariat avec France Travail, visant à créer un climat plus détendu entre recruteurs et personnes en recherche d’emploi, sans pour autant révéler immédiatement la véritable nature de la rencontre.
Ce format de rencontre original s’est organisé autour d’une simple promenade en centre-ville. Mais derrière cette banalité apparente se cache un objectif bien plus stratégique. À l’écart des codes habituels du recrutement, cette formule cherche à observer les candidats dans un environnement naturel, loin du stress des entretiens formels. L’accent est mis sur le comportement, l’attitude et les interactions spontanées entre les participants.
Quand les recruteurs se mêlent incognito
Le cœur de cette méthode repose sur un élément central : l’anonymat des recruteurs durant toute la durée de la balade. Intégrés parmi les demandeurs d’emploi, les employeurs évaluent discrètement les participants sans que ces derniers sachent qu’ils sont déjà en situation d’observation. Une immersion complète qui permet, selon ses initiateurs, d’identifier des qualités souvent invisibles en entretien classique, comme l’aisance sociale, la capacité à collaborer ou encore la réactivité face à l’imprévu.
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France 3 Somme, qui a révélé cette expérimentation le 20 juin, précise que cette méthode vise particulièrement les allocataires du RSA, pour lesquels les démarches de retour à l’emploi sont parfois longues ou décourageantes. En brisant les codes du recrutement traditionnel, le Conseil départemental entend ainsi valoriser des compétences comportementales que les CV et lettres de motivation ne reflètent pas toujours.
Un potentiel révélateur pour d’autres territoires ?
Cette initiative suscite déjà l’intérêt d’autres départements français, en quête de solutions concrètes pour réduire la fracture entre entreprises en besoin de main-d’œuvre et bénéficiaires des aides sociales. Elle ouvre aussi le débat sur l’efficacité réelle des méthodes classiques de recrutement, souvent jugées trop rigides ou déshumanisantes.
Si le dispositif ne remplace pas les étapes formelles du processus d’embauche, il se présente comme une passerelle vers un dialogue plus authentique entre les deux parties. Et pour les allocataires du RSA, souvent confrontés à des regards stigmatisants, cette approche pourrait bien constituer un souffle nouveau dans leur parcours professionnel.