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Depuis sa mise en place en janvier 2024, France Travail a progressivement remplacé Pôle emploi, s’inscrivant dans une réforme ambitieuse pour atteindre le plein emploi. Mais à partir de juin 2025, une nouvelle phase démarre, marquée par des ajustements subtils mais à fort impact pour les demandeurs d’emploi.
Le discours officiel reste axé sur la bienveillance et l’accompagnement, vantant une logique de soutien renforcé envers les chômeurs, les jeunes des missions locales ou encore les allocataires du RSA. Pourtant, derrière cette façade se cachent de nouvelles obligations et une intensification des contrôles, modifiant profondément la relation entre chômeur et institution.
Une fois inscrit, chaque demandeur d’emploi est soumis à une évaluation complète de sa situation, afin d’être orienté vers l’organisme le plus approprié : France Travail, Cap emploi, ou mission locale. Un suivi sur-mesure est alors proposé, avec des engagements bilatéraux entre le bénéficiaire et son référent. Une convention révisée de l’assurance chômage, active depuis le 1ᵉʳ avril 2025, vient encadrer ce dispositif.
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Des règles qui changent
Le calcul des droits reste inchangé, mais certaines modalités évoluent. Par exemple, dès le 1ᵉʳ juin 2025, une absence à un rendez-vous ne déclenchera plus automatiquement une sanction. À première vue, un geste d’apaisement. Pourtant, cette mesure s’accompagne d’un critère flou : seule une recherche active prouvée pourra justifier une absence sans pénalité.
Les bénéficiaires du RSA sont désormais automatiquement inscrits à France Travail, avec pour obligation de s’investir dans une activité d’au moins quinze heures par semaine. Un seuil jugé symbolique par certains, mais qui pourrait provoquer des tensions, notamment en cas de difficultés à trouver ces heures d’engagement.
Le non-respect des conditions liées à la recherche d’emploi pourra désormais conduire à une diminution progressive des aides, sans passage préalable devant un conseiller. Les outils de contrôle sont repensés pour permettre à France Travail d’agir sans systématiquement convoquer les personnes concernées.
Un contrôle plus souple en apparence ?
Ce relâchement apparent des sanctions immédiates cache en réalité une politique de surveillance plus rigoureuse. France Travail indique que le comportement général du chômeur sera désormais analysé dans son ensemble. “Le contrôleur tiendra compte du comportement global, et s’il se voit jugé exemplaire, la sanction ne sera pas automatique”, Capital.
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Cette souplesse n’est pourtant qu’un leurre. Le gouvernement entend tripler le nombre de contrôles d’ici à 2027, passant de 600 000 vérifications en 2024 à 1,5 million. Une directive annoncée dès mars par l’ancien Premier ministre Gabriel Attal, qui souhaitait responsabiliser les bénéficiaires de l’assurance chômage.
La nouveauté majeure réside dans le fait que certains contrôles pourront désormais se faire à distance, sans convocation préalable. Si un conseiller estime que les efforts sont insuffisants, il pourra prononcer une sanction sans rencontre physique. Cette méthode, déjà testée dans huit régions depuis juillet 2024, pourrait devenir la norme.
Ce qui a été expérimenté dans l’ombre
Le test en conditions réelles a été déployé dans plusieurs territoires, notamment en Bretagne, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Provence-Alpes-Côte d’Azur, ou encore La Réunion. Les premiers retours de France Travail indiquent qu’aucune hausse significative du nombre de sanctions n’a été constatée – pour l’instant.
Ce déploiement progressif a permis de roder un dispositif complexe, qui mêle surveillance algorithmique et appréciation humaine. Ce double filtre crée un climat d’incertitude, où chaque absence ou manquement peut potentiellement devenir un motif de sanction, même si cela ne sera plus automatique.
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France Travail continue en parallèle de proposer des formations en ligne financées, visant à booster l’employabilité. Mais ces outils ne suffiront probablement pas à masquer la nature coercitive croissante du dispositif, qui pourrait transformer le rôle d’accompagnant en outil de contrôle renforcé.
Une nouvelle ère pour les demandeurs d’emploi
Alors que la réforme avance à pas feutrés, les demandeurs d’emploi doivent désormais composer avec un encadrement plus dense et une liberté d’action plus restreinte. Si certains y verront une chance de bénéficier d’un soutien mieux ciblé, d’autres redouteront une surveillance accrue et une pression constante.
Le paradoxe est frappant : l’État promet plus de personnalisation tout en généralisant des mesures standardisées. Cette tension entre accompagnement humain et automatisation des contrôles pourrait bien définir l’équilibre fragile du nouveau modèle France Travail.