Booba agite les réseaux et l’extrême droite suite à ses propos sur l’affaire Nahel

       
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En déclarant que la justice manque de rigueur et que l’État est « insuffisamment ferme », le rappeur français de renom a gagné l’approbation de l’extrême droite. Un déplacement pas si étonnant, compte tenu de ses précédentes déclarations en interview.

Dans un entretien avec Ebra Presse, Booba a critiqué l’État français comme étant « excessivement faible et mou » suite aux émeutes qui ont suivi la mort de Nahel.

Le rappeur de Boulogne-Billancourt a dénoncé une justice indulgente, une affirmation cohérente avec celles qu’il fait depuis des années dans la presse, lors de ses interviews occasionnelles.

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Les récentes apparitions médiatiques du rappeur semblent l’orienter vers une droite plus autoritaire. Est-ce intentionnel ?

Les fans de voitures puissantes aiment la vitesse, pas les accidents. Depuis la fenêtre de l’une de ses voitures de sport à Miami, sa ville d’adoption, Booba observe l’actualité française défiler rapidement. Probablement enivré par l’excitation, le « Duc de Boulogne » s’est transformé au fil des années. Il utilise compulsivement les réseaux sociaux, nourrissant sa vaste communauté de commentaires, de plaisanteries et de conflits. Dans les médias plus traditionnels, cependant, B2O est plus discret, probablement refroidi par le traitement injuste du rap français et les stéréotypes répétés lors des interviews.

Sa discrétion relative dans la presse est brisée à chaque fois qu’il s’exprime sur des sujets « politiques », comme une Lamborghini qui finirait secouée après avoir franchi « quelques ralentisseurs ». La dernière déclaration du rappeur, lors d’une interview avec le groupe Ebra, ferait (presque) pâlir certains représentants de syndicats policiers. Interrogé sur l’affaire Nahel, le « ratpi » aligne les déclarations percutantes. Parmi elles : « les peines de prison sont trop clémentes et rarement mises en œuvre, les policiers sont discrédités. »

Le porte-parole du RN applaudit

Installé outre-Atlantique depuis plus de dix ans, le rappeur considère également l’État français comme « beaucoup trop mou », regrettant que les « jeunes n’aient pas peur de la police ». Une déclaration notamment saluée par Julien Odoul, porte-parole du RN, qui surnomme pour l’occasion le rappeur « duc de Beauvau ». Selon Benjamine Weill, auteure du livre A qui profite le sale, sexisme, racisme, capitalisme dans le rap français, l’un des moments clés de cette transformation pourrait se situer dans le hall 1 de l’aéroport d’Orly, il y a un peu plus de cinq ans. « Après la bagarre contre Kaaris et son équipe, Booba a renforcé sa stratégie de  »clown » sur les réseaux sociaux. Il a compris la logique de l’influence dès le départ, bien avant son combat contre les  »influvoleurs » ».

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Apparitions chez Cyril Hanouna (avant leur dispute), selfie avec Jean Messiha, etc. On connaissait Booba comme un adepte du libéralisme assumé, on le voit progressivement se rapprocher d’une droite plus autoritaire. « C’est difficile d’être policier, estimait le millionnaire dans les colonnes du journal Le Monde dès 2018 en parlant des États-Unis. Tu es là, face à des hommes armés jusqu’aux dents qui savent que s’ils se font attraper, ils ne ressortiront plus ! Alors, je ne cautionne pas, hein, mais les policiers doivent être terrifiés, et il faut parfois se mettre à la place des gens… »

Sa position contre l’état

Et, même si l’intéressé le nie, ses déclarations en interview peuvent établir les fondements d’un discours politique. « Il a toujours dit qu’il n’avait jamais voté, c’est une position politique, qui peut être assumée d’ailleurs, précise Benjamine Weill. Il surfe sur une vague antisystème (complot LGBTQI, Covid-19, positions pro-russe) avec un discours tranchant, sans réelle substance. Cela lui permet également de satisfaire son public, qui est très varié. »

Des opinions catégoriques, des déclarations controversées… et des revirements fréquents. Ses paroles sont récupérées par l’extrême droite ? « Ils extraient une phrase de son contexte pour la tourner à leur avantage », commente le quadragénaire sur X (ex-Twitter). Interrogé par Le Parisien l’année dernière sur le Covid-19, Booba répond « n’avoir aucune confiance dans le vaccin (…). Il faut vingt doses et tu tombes quand même malade ». Avant d’admettre, quelques questions plus tard, s’être fait vacciner.

Titulaire de la carte verte aux États-Unis, le rappeur ne se risque pas à commenter l’actualité américaine. Il réserve son analyse à la France où il maintient la majorité de ses activités professionnelles. Avec une conviction en tête : qu’on parle de lui, en bien ou en mal, c’est l’essentiel. « Toutes ces déclarations, c’est aussi pour alimenter la controverse. Dire et se contredire lui permet également de ménager tout le monde et d’embrouiller le message, avance Benjamine Weill. Ce sont des apparitions médiatiques qui coïncident avec son agenda. »

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En parlant de la bagarre à Orly, Booba a admis avoir considéré l’incarcération qui a suivi comme « une promotion incroyable » qu’il n’aurait « jamais pu » se « permettre ». Le rappeur a récemment rappelé qu’un documentaire devrait bientôt retracer son parcours. Ourika, une série qu’il a co-créée et qui sera diffusée sur Amazon Prime, est en cours de tournage. Au vu de l’agitation provoquée par ses dernières déclarations, on parierait que la promotion de ces deux projets ne devrait pas lui coûter cher.

       

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