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Le phénomène, loin d’être marginal, tend à se généraliser depuis l’augmentation significative des départs en retraite au cours de l’année 2024. Beaucoup découvrent qu’avoir complété leur dossier à temps ne garantit pas pour autant un versement rapide.
Le problème est d’autant plus préoccupant qu’il touche une population souvent sans autre source de revenu que la pension censée arriver. Certains doivent s’en remettre à leurs proches pour faire face aux dépenses du quotidien. Cette réalité soulève de plus en plus de témoignages inquiets dans l’espace public.
La CNAV sous tension, mais pourquoi ?
Les demandes de retraite ont connu une hausse spectaculaire en 2024 : plus de 865 000 personnes ont fait valoir leurs droits. En comparaison avec les années précédentes, cela représente un volume de travail inédit. À la fin décembre 2024, la France comptait 15,4 millions de retraités, soit cinq millions de plus qu’il y a deux décennies. Cette surcharge a un impact direct sur la capacité des caisses à traiter efficacement les dossiers.
La CNAV avance des raisons précises
La Cnav ne nie pas l’existence du problème. Elle reconnaît que environ 25 000 dossiers ont connu un versement différé. Plusieurs situations peuvent expliquer ces retards, notamment :
- Des dossiers transmis après la date de départ prévue
- Des carrières ou périodes d’activité à l’étranger compliquant les échanges administratifs
- Des assurés établis hors de France, soumis à des procédures spécifiques
- Des fins de carrière ponctuées de périodes de chômage
Dans certains cas, l’attente peut durer plusieurs mois, plongeant les bénéficiaires dans une grande incertitude financière.
Entre promesses et réalité
En théorie, le délai de traitement s’établit entre 2,5 et 3 mois. Toutefois, cette moyenne cache des écarts notables. Dès qu’un dossier implique plusieurs régimes ou des conventions internationales, les procédures deviennent bien plus longues et complexes. Ces délais étendus ne sont pas toujours anticipés par les nouveaux retraités.
Les expatriés en ligne de mire
Début avril 2025, le député Karim Ben Cheikh s’est adressé à la ministre du Travail pour dénoncer les difficultés rencontrées par les Français de l’étranger. Dans les pays disposant d’une convention de sécurité sociale avec la France, les retraités doivent initier leur demande auprès de l’organisme local. Résultat : les retards sont parfois démesurés.
“La procédure peut être extrêmement longue. Des délais de plusieurs années sont fréquemment observés et ce problème est remonté très régulièrement par les élus locaux, conseillers des Français de l’étranger”.
Source : Intervention du député Karim Ben Cheikh, avril 2025
Par ailleurs, la réforme des retraites complexifie encore les choses. Dans certains pays, l’âge légal de départ est inférieur à celui en vigueur en France. Un employeur à l’étranger peut ainsi proposer un départ alors que le salarié ne peut pas encore activer ses droits français, désormais accessibles à partir de 64 ans.
Le sénateur Hervé Maurey, élu de l’Eure, s’est aussi exprimé. Il attire l’attention sur les retraités ayant perdu leur emploi juste avant leur départ. Pour ces derniers, un retard de pension peut avoir un impact direct et grave sur leur stabilité financière. La fragilité de leur situation rend l’attente d’autant plus difficile à gérer.
Un blocage systémique qui interroge sur l’avenir
Le nombre croissant de dossiers, la complexité des parcours professionnels modernes, et la coordination entre organismes internationaux sont autant de facteurs qui expliquent ces dysfonctionnements. Mais ce qui inquiète le plus, c’est la régularité du phénomène : ces retards ne sont plus isolés. Ils deviennent une variable courante de la fin de carrière.
Face à l’ampleur du phénomène, une question demeure : le système actuel est-il réellement prêt à faire face à l’afflux massif de nouveaux retraités ?
